mercredi 23 juillet 2008

Hommage à Serge Gainsbourg

Les ailes de la Rolls effleuraient des pylônes
Quand m'étant malgré moi égaré
Nous arrivâmes ma Rolls et moi dans une zone
Dangereuse, un endroit isolé

Là-bas, sur le capot de cette Silver Ghost
De dix-neuf cent dix s'avance en éclaireur
La Vénus d'argent du radiateur
Dont les voiles légers volent aux avant-postes

Hautaine, dédaigneuse, tandis que hurle le poste
De radio couvrant le silence du moteur
Elle fixe l'horizon et l'esprit ailleurs
Semble tout ignorer des trottoirs que j'accoste

Ruelles, culs-de-sac aux stationnements
Interdits par la loi, le cœur indifférent
Elle tient le mors de mes vingt-six chevaux-vapeur

Prince des ténèbres, archange maudit,
Amazone modern' style que le sculpteur,
En anglais, surnomma Spirit of Ecstasy

Ainsi je déconnais avant que je ne perde
Le contrôle de la Rolls. J'avançais lentement
Ma voiture dériva et un heurt violent
Me tira soudain de ma rêverie. Merde !
J'aperçus une roue de vélo à l'avant,
Qui continuait de rouler en roue libre,
Et comme une poupée qui perdait l'équilibre
La jupe retroussée sur ses pantalons blancs

" Tu t'appelles comment ?
- Melody
- Melody comment ?
- Melody Nelson. "

Melody Nelson a des cheveux rouges
Et c'est leur couleur naturelle.


Serge Gainsbourg, Melody, 1971.

mardi 15 juillet 2008

lundi 14 juillet 2008

Petit suicide quotidien

Il se leva ce matin de printemps, tôt, comme toujours. Il prit sa douche, très chaude, comme toujours. Il mangea son petit-déjeuner, un petit croisant et un café seul très sucré, comme toujours. Et il ouvrit la fenêtre pour laisser passer le soleil du matin dans le salon, comme toujours. Il regarda dehors et pensa que ça allait être une journée normale, sans surprises, comme toujours, et ce fut exactement comme ça, comme toujours.

O. Valvos

dimanche 13 juillet 2008

P...

[ Pointilleux. Point. ]
Philanthrope prétentieux pourri par Paris.
Putain de parricide par apanage.
[ Perdition. Point. ]


Joseph.K

samedi 12 juillet 2008

Machu

Machu est un concept. Elle n'est palpable et visible que par mes mains infirmes et mes yeux aveuglés.
Machu ne touche pas le coeur, elle transperce l'âme.
Machu c'est l'espoir, c'est le doute. Elle est autre. Je ne peux, Ô moi grand narrateur omniscient, lire en elle.
Machu c'est l'humanisation de Dieu, et du Diable aussi. Elle leur apprendrais l'interrogation. En vivant comme elle le fait, seulement.
Machu c'est l'amour. L'unique, la cicatrice invisible mais profonde, spirituelle mais douloureuse. Cicatrice aux hémorragies incontrôlées.
Machu c'est la passion. Celle qui prend et surprend. La timidité passionnelle d'une intimité couverte sous un drap de soie.
Machu c'est la vie. L'inexistence totale de ce qu'on ne sait pas. C'est la peur. La vie comme un amas de peur, peur de ce qu'on ne connait et ne comprend pas.
C'est cela Machu. C'est la mort. Ce qui n'existe pas pour soi est mort. Machu c'est savoir cela et peut-être même l'accepter.
Machu c'est apprendre à vivre.
Voyez Machu comme une femme. Une rêveuse pragmatique. Elle veut se laisser porter par ses rêves mais "parfois il faut être pratique". Un "parfois" aux sonorités d'un "toujours".
Machu trouve sa singularité dans son universalisme. Il est douloureux de contenir le monde entier en soi.
Mélangez ce tout qui fait le monde et vous obtiendrais l'unique.
Machu quand elle dort, pleure sans larme. Il n'est pas de meilleur livre ouvert que le visage dormant. Et Machu semble pleurer, souffrir de ce poid qu'est le monde.
Il est difficile d'être Machu, peut-être autant que de l'aimer.
Les autres aiment Machu comme on aime la couleur d'un fruit sans y avoir gouté l'hydromel. Cette couleur qui illumine la nuit et assombrit le jour.
Personne ne connait Machu comme je la connais. Non pas que ma connaissance d'elle soit meilleure mais différente. A moins que ce soit encore l'interprétation subjective qui se joue de moi.
Je lui cris mes murmures à l'oreille : "Machu..." Je l'appelle ainsi sans cesse, comme pour la ramener à moi.
Je l'aime. Pas comme on dit "je t'aime". Je l'aime plus sincèrement que ce frêle et fourbe mot.
Je la vie, je la pense, je l'inhale, je la vole. Sans cesse. Il faut toujours la voler ou c'est elle qui s'envole, c'est elle qui prend son envol, et cela est le mieux, tout égoïsme mis à part.
Machu glisse entre les doigts, et la rattraper est le bonheur qui fait une existence. Heureux qui comme moi a vécu plusieurs vie à ses cotés...
... Et je ne sais si je suis déjà mort.



Joseph.K

mercredi 9 juillet 2008

Hommage à Vladimir Nabokov

[En parlant des Carnets du sous-sol de Fedor Dostoïevski]

L'homme décrit par lui vit seulement comme un maniaque, avec un comportement embrouillé. Les médiocres imitateurs de Dostoïevski, comme Sartre, un journaliste français, on perpétué cette tendance jusqu'à aujourd'hui.

Vladimir Nabokov, Leçons de littérature russe, 1981.

samedi 5 juillet 2008

mercredi 2 juillet 2008

Divers Vomissements Désunis

-Boites de nuit-

Dans les nausées de néons et nocturnes,
On y voit, on y sent, on y palpe
Ceux-là même, les imbéciles taciturnes
S'y dévoilent pour se glisser dans l'urne.

-L'ancien temps-

Pourrions-nous déguster vos lustres ?
J'entends votre temps, l'ancien, le beau
Celui que vous enfermez en vos tombes rustres.
Morts égoïstes rendez-nous votre temps, le faux.

Là où le talent, merveille humaine et seulement,
N'était pas une preuve, ou un amas, ou une porte.
Là où le talent, père d'égoïsme, ne fût que votre.
ici les chiens n'ont plus d'église et l'amour, cet effleurement.

-Katerina-

Katerina aime le jazz, elle n'aime que ça. Le point de vue n'est pas musical. Katerina aime le jazz, elle n'aime que ça. Katerina n'aime pas la drogue, et la viande, et les écologistes, et les livres, et les autres, même pas ceux qui crachent le jazz qu'elle aime tant. Mis à part la subjectivité de ses goûts misanthropes, elle est affreusement normale. C'est ainsi, et c'est pourquoi elle n'aime que le jazz. Le jazz n'est plus normal. Alors elle se force. Katerina n'aime pas le jazz. Mais elle veut l'aimer. Le jazz, si il est, aime katerina, mais alors il n'aime pas seulement elle. Katerina n'aime que le jazz. Elle est fidèle Katerina, pas par nature, personne ne l'est ainsi, mais par principe. Le jazz est naturel.

-Eloïse-

Eloïse est un spécimen, un préquel de femme communément rare. Cette rareté que partagent la plupart des femmes, ou futurs, de notre temps, et qui la détruisent à force de la partager, cette rareté. En deuil de cet espoir féminin, je le suis à sa vue. Elle est belle et frêle. Ou fine, oui fine. Pas maigre, fine, son visage est d'une finesse agréable. Il y manque quelque chose. Ce "je ne sais quoi" que chaque homme digne d'une femme se doit de quêter en elle tel le Saint-Graal. Elle n'adhère pas à ce point de vue Eloïse. Il est insultant. La critique est insultante tant qu'on ne peut y déceler un mal positif tel un égoïsme bienfaiteur.

-Un dimanche à vomir-

Ici et là
L'autre d'ici bas, l'autre moi
Vomit à en perdre son amour.
Son bucolique déborde, dégouline,
ce n'est qu'une femme fine
Qui comme toi, moi, lui, goutera au four.

Je t'envie âme morne,
La première est l'ultime
L'ultime n'est rien
L'entre deux se noie du sien.
Au mieux il n'y restera qu'une rime.

Aimer nous a tué. Baudelaire,
Avait cela de vrai que les reines
Accourent, sautent puis fuient dans l'air.
Il n'y a que les charognes et les lesbiennes.

Je t'envie âme morne, rogne
Tant que tu veux, tant que tu peux.
L'ultime n'est pas offerte.
Ode aux seuls désirs peureux, poreux, pour eux.
Tu ne m'appartiens pas.


Joseph.K