mercredi 27 mai 2009

Du vent

un risible souffle enfin
quelques grâces fortunes accoudées aux désirs
un peu de brise
le silence perdu en un cadre de foule sous les vitres que mes doigts rappellent
et la blonde impose sa finesse des lèvres aux jambes pour servir d'un oeil remarqué nos cafés éprouvées
ces post-nuit à redondance
ils se crispent marcheurs sans horizon hésitant
un risible souffle
enfin


Joseph.K

mardi 26 mai 2009

...

...

Futur souvenir d'autrui

souviens-toi de rien et de moi,
qui
en soi est Roi de l'autre.

formel et l'éternel échos
n'assume
rien si ce n'est, Soi
église, marbre et contre-plongé.

d'un bon d'un saut
transpires les frontières,
tes seins solides et scintillants
tes seins, et mes doigts fiers.

souviens-toi de la frontière
d'expression, d'un rire
transperces les certitudes d'hier
le Pire pupille en cire
souviens-toi , bien heureux qui est
feu.

souviens-toi de rien et de moi,
souviens-toi qu'avant moi,
rien.

"Dans le cercle des voix, un nuage s'élève. Une vitre à la lèvre qui brouille nos pensées" ce souvenir de Reverdy et

tu la vois peindre ses gémissements
elle est l'artiste
qui crispe ta ligne et le kyste
elle, chaos, vent, ne sait
ce qui compte et
ce qui ne compte pas,
seule piste
d'autrui commun.

Joseph.K

lundi 25 mai 2009

L'an passé

Et voilà l'an
Qui coule, et découle.

Je vois des vieux pendus
Les corps déchirés
Le sang qui tombe
Jusqu'aux pieds.
Mais cela ne me frappe pas.

Je vois des éclairs
Qui tombent en brûlant
Des vies entières,
Et ses souvenirs,
Mais cela ne me frappe pas.

Je vois ces mêmes éclairs
Ne pas toucher
Ne pas brûler
Les théâtres qui se croient immortels,
Mais cela ne me frappe pas.

Je vois une feuille
Encore en blanc,
Sans craintes
Ni encore du Bioux,
Mais cela ne me frappe pas.

Je vois mon reflet
Pas dans l'eau
Ni aux miroirs
Mais dans la feuille en blanc,
Et cela me frappe plus que rien.

Et voilà l'an
Qui a coulé, qui a découlé.

O.Valvos

On est pas sérieux quand on a un an...

...alors à l'occasion de ce premier anniversaire de Bioux Amis, rendons hommage subjectivement à quelques grands...


"Je n'ai jusqu'à présent joui de mes souvenirs que tout seul. Il faut en jouir à deux. Faire des jouissances du coeur une passion"
Charles Baudelaire

"Mon triste coeur bave à la poupe...
Mon coeur est plein de caporal !
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste coeur bave à la poupe..."
Arthur Rimbaud

"Dans le cercle des voix, un nuage s'élève. Une vitre à la lèvre qui brouille nos pensées"

Pierre Reverdy

"Je-ne-veux-pas-le-savoir-ils-étaient-d’une-beauté-folle."
Thomas

"Ô ami implacable
Je ne veux
Qu'être naïf
Aussi, sous toi."
O.Valvos

"Es ce toi Bioux qui me parle ?
Je pense à Gaïa, mais pas à ses fils."
Joseph.K

vendredi 22 mai 2009

Les yeux verts de Méduse

Méduse, les yeux verts, verts Chiite pas mortel, contemple l'homme et l'univers.
En quoi tu pense, Gorgonne, mythe d'un passé revenant ?
Le monde n'a plus besoin de tes yeux verts.
Y a que les hommes qui se pétrissent les uns aux autres.
Y a que les vieux poètes, ceux qui bougent à l'aide d'un baton,
Ceux qui contemplent son œuvre invisible face au regard des gens,
Qui se laissent encore pétrir pour toi.
Ferme les yeux vielle Gorgonne,
C'est à moi de pétrir maintenant.
O. Valvos

jeudi 14 mai 2009

Non pas l'histoire mais l'idée qu'est la fille inconnue qui d'un coup de feutre s'envolait

Et d'un vers anglais, comme le vent elle salue, elle, la fille au blouson brun venue du nord, sauvage, la libre sans veine et aux joues en rimes. C'est qu'elle pleure à l'appel et d'un bond, elle, perce les lèvres. La main dans les creux d'entre, corps-et-bras, elle balance ses mots la nuque à l'épaule sûre. C'est qu'elle pleure à l'appel et d'un bond, elle, brise les trêves. Et sa chemise café, seins à la pente cette affolante, elle, fume au sourire, quand, parfois, ses yeux, verts.
Mais ça s'efface le sang, surtout en riant. Et d'un vers anglais, comme le vent elle s'oubliera avant nous. Nous, mémoires, de ses reins, feutrées.

Joseph.K

vendredi 8 mai 2009

Un Arlequin Ivrogne au matin d'hiver

L'autre matin
Arlequin me réveilla
Entre cris, chansons et sauts en arrière.
Il puait le vin, la vodka et l'ail
Mais il dansait quand même.
Sa chanson d'ivrogne
Ouvrit mes yeux vers l'infini,
C'est la chanson
Que je vous chanterai maintenant.

Le rhapsode s'arrete, il pense
Regarde le public

Non, mes pauvres spectateurs
Vous ne connaîtrait la chanson d'Arlequin
Que quand le sourire du comédien ivrogne
Se dessinera dans vos rêves.

Le rhapsode s'assit à côté
Du pétrole et du briquet
En plein centre du théâtre
Et attendit qu'Arlequin
Fit de l'art
Avec des paroles
Et du feu.
O. Valvos

mercredi 6 mai 2009

Hommage à Gérard Genette

Cette "déception" du sens qui se fige et se constitue en objet de consommation esthétique, c'est bien sans doute le mouvement (ou plutôt l'arrêt) constitutif de toute littérature. L'objet littéraire n'existe que par lui; en revanche il ne dépend que de lui, et, selon les circonstances, n'importe quel texte peut être ou n'être pas littérature, selon qu'il est reçu (plutôt) comme spectacle ou (plutôt) comme message : l'histoire littéraire est faite de ces aller-retour et des ces fluctuations. C'est à dire qu'il n'y a pas à proprement parler d'objet littéraire, mais seulement une fonction littéraire qui peut investir ou délaisser tour à tour n'importe quel objet d'écriture. [...] Littérarité, donc, partielle, instable, ambigüe.

[...]

La littérarité est aussi fonction de la non-littérarité, et aucune définition stable ne peut en être donnée : seule demeure la conscience d'une limite. Chacun sait que la naissance du cinéma a modifié le statut de la littérature : en lui volant certaines de ses fonctions, mais aussi en lui prêtant certains de ses propres moyens. Et cette transformation n'est évidemment qu'un début. [...] Nous ne croyons déjà plus, comme on l'a cru d'Aristote à La Harpe, que l'art soit une imitation de la nature, et là où les classiques cherchaient avant tout une belle ressemblance, nous cherchons au contraire une originalité radicale et une création absolue. Le jour où le Livre aura cessé d'être le principal véhicule du savoir, la littérature n'aura-t-elle pas encore changé de sens ? Peut-être aussi vivons-nous simplement les derniers jours du Livre. Cette aventure en cours devrait nous rendre plus attentifs aux épisodes passés : nous ne pouvons pas indéfiniment parler de la littérature comme si son existence allait de soi, comme si son rapport au monde et aux hommes n'avait jamais varié.

Gérard Genette, Structuralisme et critique littéraire, 1966.

dimanche 3 mai 2009

Un bilan


Lorsque j'ai viré d'aile

trop belle ; d'elle et l'zéle
Louis chante Ezekiel en rire comme un soldat
et elle
vice de sentinelle en pire comme un drama

il est à retourner le Beau pour l'Être
sans bilan-ce-retour pas de sax'
la passion du double
deux un
dont un rien
le souvenir d'un sein
sinon rien
à retourner ; plus d'espoir
au temps
du dit-stridant
- sans son cependant - 
bilan.

à la force du regret ancré rien ne subsiste

Joseph.K