vendredi 29 janvier 2010

Les mots du Néant

Dans un petit coin de la page, l’encre commença à avaler les mots un derrière l’autre. Le néant fut.


Les mots disparurent, que du noir, de l’obscur. Ces mots sortis d’une gueule malade, d’une « ine » provenant de la brûlure d’une cafetière italienne. Le néant est présent, vous devriez le sentir et vous en réjouir. C’est normal de craindre le néant, le rien, mais non, apprivoisez-le, faites-le votre et vous verrez comme il est beau. Beau comme trois flocons de neige sur une marée de sang (ou de sans). Et ainsi, il y aura de la lumière, et, peu à peu, les mots réapparaîtront.


Parce que des mots plongés dans le rien, des mots inconnus, des mots jamais lu, on ne peut qu’en tirer du malheur. Mais en remarquant (en MARQUANT) le texte, les mots seront connu, et pourront exister.

O. Valvos

mardi 26 janvier 2010

Ne m'angoissent que la rime et la pénétration.

Deslogis

dimanche 24 janvier 2010

Qui s'y intéresse ?


Ça a débuté comme ça,
sur une impression, un dimanche.
J'allais mal.
On est toujours seul le dimanche, alors on se pense, on ressasse surtout.
Une sorte de virgule de l'existence, le dimanche.
J'eus, ce dimanche, l'impression de me délaisser.
C'est qu'il confirmait mon aigreur ce rockeur nègre au sourire aussi constant que nuancé.
Ce moi insaisissable, l'Être peut on dire.
J'ai toujours délaissé, les choses, le reste, la plupart des Autres, les importantes futilités.
Mais ce jour là c'était bien moi que j'eus l'impression de délaisser.
Je me souviens aussi du sentiment,
quelque chose d'âcre qui enveloppe le corps.
C'est pas violent l'impuissance, mais ça pue et ça paralyse.
Depuis combien de temps me délaisse-je ?
Je ne savais si c'était la vie et son fil increvable qui me tuait ou bien si c'était une sorte de regard inédit que je portais sur moi.
Peut-être n'aurais-je pas du stopper cette fuite du réel, du concret, cette fuite avec laquelle je m'étais fait.
Ce n'était plus moi que je voyais, c'étaient mes actes.
C'était récent ça, et pas à mon habitude.
Il n'y a que les Autres qui agissent, nous, soi, on est.
Et pourtant c'était bien comme un Autre que je me sentais alors.
C'était leur gangrène, aux Autres, qui me rongeait.
Voila ce que font les Autres, ce qu'ils nous forcent à faire, avec la solitude comme bâton.
Il n'y a de pire cercle vicieux.
Parce qu'alors on baise et seulement, on boit et sans crainte.
Et c'est là,
en ce lieu d'idées vouées aux lyrismes des instants seuls,
c'est la qu'on se délaisse.
Dans la seule solution.
Me jugeais-je ?
J'étais pourtant, et ce depuis Paris, dans la période la plus dégueulasse qui puisse.
Dégueulasse selon les Autres, toujours eux.
C'est que, oui, je buvais comme un révolté, je baisais comme un mercenaire et je trompais comme moi.
J'aimais ça.
J'aime ça.
C'est ça avoir de l'intérêt.
Je vais bien.

Deslogis

...

...

Être est ce désastre


Qu'enlace un doute, l'utile et la pluie. En Alice et à foison, un serment, ce bleu marine, se courbe à l'orange. La nuit. Chacun son royaume, chacun son sang. C'est qu'on en crève de ces couleurs, la mauvaise, un hasard et l'étreinte, la mort au sein. On se cure et tout se hurle, et tout est entre quelques soi où la nuit sans lune. Et d'un doigt terne toucher paupière qui se gèle de cloisonner la toile. Comme ce vin que le jazz transpire. Être est ce désastre que la musique et l'ivresse subliment en larmes.
L'écho des nerfs que l'échec crache sur ces corps sans visage.

Deslogis


vendredi 22 janvier 2010

Chant mystique sans prétention religieuse

Ne resta que du bruit ;
Que des sons sans réponses.

Une image pétrie
De ce qu'on attendait.

C'était, je le crois bien à présent,
Une recherche mystique du grand néant.

Vieux monde sans espoir,
Retourne tes yeux vers jadis,
Ne soit pas ancien,
Soit anachronique.
.
Oui, je crois bien qu'on chercha laïcité
Mais la plupart allèrent la chercher dans Claudel,
Sans voir, ô pauvres aveugles,
Que c'était dans la res d'avant qu'il fallait regarder.
.
.
À présent on sent le temps, mais il fallait y penser avant
.
Pour conclure dans l'incipit
Du messie d'un peuple laïque.
.
O.Valvos

mercredi 20 janvier 2010

Hommage à Pierre Drieu La Rochelle

Je n'aime que Stendhal, parce que Stendhal c'est Racine.
[...]
Paris finit dans le grotesque de cette fin de siècle. Le surréalisme forme le dernier chapitre de la littérature française.
[...]
L'exemple des vrais maîtres : Nerval et Baudelaire, Stendhal et Nietzsche.
[...]
Je ne m'intéresse qu'à la peinture, aux maisons et aux jardins de Paris, aux livres, à la politique mondiale, au corps des femmes, aux religions primitives.
[...]
Une belle carrière de martyr s'offrait à moi, si j'avais pris parti contre la guerre. Mais un martyr c'est un personnage officiel. Et puis, je ne suis pas contre la guerre.
[...]
Ah que n'ai-je hurlé plus fort, que ne leur ai-je mieux craché mon désespoir, mon mépris, ma haine. Mais je portais dans mon ventre leur pourriture.
[...]
J'aurai passé la moitié de ma vie, vautré sur mon divan à lire. Et pourquoi pas ?
[...]
Je trouve la politique beaucoup moins drôle depuis que je passe dans la catégorie des vaincus.
[...]
Devrais-je bientôt me suicider ? Je voudrais éviter d'être bêtement étripaillé par une émeute de concierge.
[...]
Quelle horreur que la grandeur ?
[...]
J'ai rêvé que je chiais devant un de mes ennemis.
[...]
Pourquoi étais-je contre le communisme ? Un vieil instinct plus fort que tout, non pas bourgeois mais plus ancien, qui remonte au Moyen-Âge, un instinct d'écuyer attaché à une constante réactionnaire de vieille noblesse -un instinct catholique, antimatérialiste, antirationnaliste -l'horreur du puritanisme sociologique- enfin toutes choses que mon intelligence voit mais ne peut dominer. Et pourquoi les dominerait-elle ? Je me suis livré avec volupté à ce courant en moi. J'ai en vain essayé de devenir communiste. Et pourtant je déteste la bourgeoisie ; je déteste en réalité toute les classes, étant déclassé. Et pourtant l'instinct de classe est plus fort que tout. Mais en mourant toutefois je jouirai entièrement de l'idée que la bourgeoisie va crever. Mon rêve de fasciste était de dépasser et de rabaisser la bourgeoisie et le prolétariat, d'anéantir leurs valeurs.
[...]
Je n'ai été un essayiste audacieux que parce que j'ai été un romancier timide.
[...]
Je n'aime que les aventuriers et les chevaliers.
[...]
Autrefois, j'avais les femmes et l'alcool pour m'abrutir, il me reste à peine le tabac.
[...]
Je suis déjà ailleurs.
[...]
Que d'homme j'ai connu, moi qui ne les recherche pas.
[...]
La vérole a beaucoup creuser ma mélancolie pendant quelques années, mais j'étais infiniment mélancolique avant.
[...]
J'ai rêvé d'avoir du génie [...] mais ce n'était qu'un rêve pour m'amuser.
[...]
Je m'incline devant les êtres, je renonce à les pénétrer, à les transformer.
[...]
Il faut de moins en moins écrire, et bientôt ne plus écrire du tout. L'écriture est contraire à la méditation.


Pierre Drieu La Rochelle, Journal, 1939-1945

Sans titre

"Trahir, qu'on dit, c'est vite dit. Faut encore saisir l'occasion. C'est comme ouvrir une fenêtre dans une prison, trahir. Tout le monde en a envie, mais c'est rare qu'on puisse."
Louis-Ferdinant Céline


Y'a des bruits comme ça, qu'on n'comprend pas... Quand toute musique semble sans écho ce sont les extases qui perdent la foi. Qu'une voix humide que l'âge a rendu âcre puisse encore nous apprendre une vérité... C'est vrai qu'il n'est pas simple d'avouer l'inconsistance de l'âme. S'affirmer, à soi, être dompté par des néants arides... On ne peut plus pleurer que de soi et la pluie, si elle est, ne frôle plus nos humeurs. Ce n'est pas être déçu par les choses, les autres... Ce n'est pas un amas de regrets non plus... C'est ne plus pouvoir faire avec ce qu'on a pas. C'est assez terne, mais pas incolore, c'est un peu myope au fait. C'est le ciel parisien, ce briseur d'épaules. Y'a des bruits comme ça, qu'on n'comprend pas...

Deslogis

samedi 16 janvier 2010

Nouvelle Vague


Il n'y a que dans les reflets qu'on est sale.

Deslogis

Stable


Des hasards
et du temps
tout à ce temps et toi
et toi
tu n'es qu'un temps
tu n'es qu'un sang
de plus
perdu
tu n'es plus et qu'il pleuve
je marche encore
des hasards
et du temps
tout a ce temps
des images
seulement
tout sèche et moi
je nuis encore
j'en vis
j'en suis
et toi tu dors, tu crois, tu crois être mais je suis l'unique Vérité, mes draps sont sales, mes bras sont pâles, et seuls, moi, solitaire diurne à l'errance aisée j'ai l'épaule droite et le froid gauche ; c'est qu'un regard ça s'travaille et c'est ainsi que mon lit gonfle pour, un temps, oublier la distance, celle qui me prive d'amis, c'est ta bouche ma fausse cure, mon sel en sang déjà usé de trop d'oubli
Des hasards
et du temps
tout a ce temps et toi
et toi
tu n'es qu'un temps
et enfin
quand loin
des images
seulement
Deslogis


vendredi 15 janvier 2010

L’incroyable histoire de l’homme qui alla chercher des mots dans le trésor de la langue française, puisque son dictionnaire ne donnait pas les bons

'Là qui n'est pas croyable ; difficile à croire : recherche, connaissance, reconstruction du passé de l'humanité sous son aspect général ou sous certains aspects particuliers, selon le lieu, l'époque, le point de vue choisi ; ensemble des faits, déroulement de ce passé du mammifère de l'ordre des Primates, seule espèce vivante des Hominidés, caractérisé par son cerveau volumineux, sa station verticale, ses mains préhensiles et par une intelligence douée de facultés d'abstraction, de généralisation, et capable d'engendrer le langage articulé, qui alla aller de-ci et de-là, se donner du mouvement et de la peine pour découvrir où trouver quelqu'un ou quelque chose, des sons ou groupes de sons articulés ou figurés graphiquement, constituant une unité porteuse de signification à laquelle est liée, dans une langue donnée, une représentation d'un être, d'un objet, d'un concept, etc. dans l'ensemble des choses de valeur (or, argent, objets précieux, pierreries, titres, etc.) accumulées et souvent soigneusement cachées de l’organe musculeux, mobile, généralement allongé, situé dans la cavité buccale de celui, celle qui est né(e) en France métropolitaine ou d'outre-mer, qui en est originaire, qui y habite, qui en est devenu(e) citoyen(enne) par la naturalisation, puisque son recueil des mots d'une langue ou d'un domaine de l'activité humaine, réunis selon une nomenclature d'importance variable et présentés généralement par ordre alphabétique, fournissant sur chaque mot un certain nombre d'informations relatives à son sens et à son emploi et destiné à un public défini ne donnait pas des indices que l'être, l'obj. concr. ou abstr. désigné par le subst. répond positivement à ce qui est attendu de lui, sous le rapport de sa nature, de sa fonction, de son efficacité, etc. détermination des limites d'un objet ; résultat de cette action.
Juste pour rire
O. Valvos

lundi 11 janvier 2010

Hommage à Louis-Ferdinand Céline

On écrit parce qu'on est malheureux. Votre monde dévore tout le reste. Vous êtes seul. Et soutenu par le style. Les poètes n'ont pas de vie intérieure. Les écrivains sont en général des bafouilleurs.

Louis-Ferdinand Céline, Tel Quel n°1, 1960

dimanche 10 janvier 2010

Voyage le long de la nuit

Je vis, ce matin d'hiver
Le long de la route à la tombée du soir,
Dans un temps difficile à situer,
Je vis, dis-je,
La figure d'Arlequin, en dansant dans la neige.


Un gros type s'assit à ma droite
À l'attente je crois de l'arrêt suivant
Où, dans un bar dégueulasse
Il boira une bière
Aux goût d'amertume.
.
Une figure se situa à sa gauche
En dansant au même rythme.
La figure d'une bête sauvage
Ou d'une femme à l'esprit
De poète d'anachronie.
.
Et voilà un autre type
Qui s'assoit à ma droite.
Où est passé l'autre?
J'ai du m'endormir
Pendant le voyage.
.
Arlequin à la danse
Schizophrénique,
Sauta au milieu de la route,
En riant, en pleurant,
En étant poète.
.
Le car lui passa sur la tête
.
Et moi, à moitié endormis
.
Je le sentait encore rire
.
Et dansert
.
Avec Schizophrénie
.
O.Valvos

...

...

Âcre

Peut-être y ai-je cru.
C'est qu'il neige à Paris et qu'à sublimer un rêve l'espoir perd et s'âcre en odeur et prise sans couleur ma ville hurle son sort, le notre, happé en métros qui crèvent.
Merde !
C'est qu'arpenter n'a de sens qu'aveugle.
Boire pour un saut et sans soi puis douter des nuits perdues en ces connes, qu'importe, c'est le corps qui règne, mais douter pour elle celle dont saignent mes ailleurs et mes pertes.
Athée suis-je alors pourquoi.
Cette autre encore, encore, en corps sans âme, comme moi, comme moi.
Paumé à mon aise, le froid et la clope, des rues et des autres, l'imaginaire à sa place, loin de toi pour qu'enfin je puisse, pour qu'enfin je chute c'est l'image, et ton lit, c'est l'image ton visage, en pénombre, la tienne, en sourire et je sais, suis amant, l'effrayante, la vérité, comme toi.
Si je t'aimais je dirais.
Athée suis-je alors pourquoi.
Peut-être y ai-je cru.

Deslogis

samedi 9 janvier 2010

Hommage à Stéphane Mallarmé

Un désir indéniable à mon temps est de séparer comme en vue d'attributions différentes le double état de la parole, brut ou immédiat ici, là essentiel.

Narrer, enseigner, même décrire cela va et encore qu'à chacun suffirait peut-être pour échanger la pensée humaine, de prendre ou de mettre dans la main d'autrui en silence une pièce de monnaie, l'emploi élémentaire du discours dessert l'universel reportage dont, la littérature exceptée, participe tout entre les genres d'écrits contemporains.

A quoi bon la merveille de transposer un fait de nature en sa presque disparition vibratoire selon le jeu de la parole, cependant ; si ce n'est pour qu'en émane, sans la gêne d'un proche ou concret rappel, la notion pure.

je dis : une fleur ! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tout bouquets.

Au contraire d'une fonction numéraire facile et représentatif, comme le traite d'abord la foule, le dire, avant tout, rêve et chant, retrouve chez le Poëte, par nécessité constitutive d'un art consacré aux fictions, sa virtualité.

Le vers qui de plusieurs vocables refait un mot total, neuf, étranger à la langue et comme incantatoire, achève cet isolement de la parole : niant, d'un trait souverain, le hasard demeuré aux termes malgré l'artifice de leur retrempe alternée en le sens et la sonorité, et vous cause cette surprise de n'avoir ouï jamais tel fragment ordinaire d'élocution, en même temps que la réminiscence de l'objet nommé baigne dans une neuve atmosphère.

Stéphane Mallarmé, Crise de vers (extrait), 1897

mercredi 6 janvier 2010

Dicton ancestral

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"Tout ce qui n'est pas sur Bioux ne se trouve nulle part"
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L'Inde et O.Valvos