De mon rêve
Un réel.
Du beau
Du sublime
« Nous nous moquons des curiosités et des espoirs de quelques amateurs, de quelques marchands, de tous les esthètes. Nous cherchons des complices.» Paul Nougé
Oublie ta jeunesse.
Je t'écris de mon vélo et je n'aime pas le vent. Je comprend qu'être unique ne suffit pas quand une moto se glisse à ma droite. Bioux, je n'ai pas de vélo mais j'ai fait un rêve, un rêve sans images, un rêve de paroles, une voix rauque et fatiguée, pleine de fumée, voici ces mots :" Dans le wagon des jeunes gens que l'on aime mirer comme pour, seulement pour se rassurer d'être soi, un soi conscient mais flottant. C'est là entre quelques brouhahas flous et fous, entre deux sièges de première classe, au milieu des fumées de clopes roulées par réflexe et fumées comme telles. C'est là que tu la vois pour la première fois et tu sais déjà quelque chose d'elle : elle est dans le même train et, par le hasard des astres ennuyés du vide, dans le même wagon. Tu remarques l'expression de son bonheur tangible, elle sourit comme elle fronce des sourcils tranchants puis saignants. Tu sens sa douleur à travers son regard, la haine qu'elle transmet au grès d'elle et seulement elle. Tu lui parles et parfois elle te répond, jamais ce que tu veux. En l'espace de syllabes douteuses à l'agencement d'une mémoire qui ne compte plus, tu effaces tes souvenirs pour naître devant elle. Elle t'emprisonne sous ses cheveux noirs. C'est tout son art et tu le sais, que tant qu'à ses pieds elle est prison de fer, mais qu'à ses lèvres c'est liberté qui chante, et pas la Marseillaise, non à ses lèvres c'est Melody Nelson qui frotte ses ongles de velours sur un tableau en plume. Tu goutes à ses lèvres, tu goutes et seulement. Tu ne sais plus si tu es encore dans le train, tu ne sais pas si tu y a déjà été, si ce train n'était pas ta métaphore, ton excuse pour la voir, elle et seulement elle. Tu te ballades pour penser à elle sur le béton que respire tant, tu te ballades mais elle ne pense pas à toi. Elle te sait, elle se suffit de cela, et tu jalouses sa véracité brune. Brune, elle est la seule brune au monde. Tu te fous de l'aimer, elle est ta passion. Tu veux juste dormir à ses cotés, mais elle s'en fout tellement, tellement. Elle te sait, elle se suffit de cela. Alors, tu prends ton siège à tort et à travers et l'installe face au sien, celui qu'elle ne quitte jamais. Tu la regardes dans les yeux et lui dis tout par l'iris. Elle s'en fout, elle te sait. Tu attends, tu attends qu'elle t'embrasse. Elle s'en fout, tu le sais. Tu t'en fous, tu attends. Ho ! tu as raison, le voyage est long et il n'y a qu'elle, le train est lent, les vitres opaques, et tu n'as pas composté ton billet. Tu choisis ton sort. Embrasse-le petite, il crève. Tu le sais, tu t'en fous. Où es-tu ? "Je pense à Gaïa, mais pas à ses fils,Es ce toi Bioux qui me parle ?Joseph.KPost Scriptum : Merci de m'avoir parlé de Faustine.
Je me dois au temps, c'est une dette en poussière de feu. Mon horreur c'est le nombre. Je compte. Je sais les 24 heures d'un jour, les 365 jours d'un an, et le peu d'années que l'humain s'est réservé. Outre ces limites ce qui est fer rouge sur peau c'est la fixité, savoir les chiffres, quand on sait que minuit sonnera dans 10 secondes ne comptons-nous pas ? J'affirme que si la vie n'était pas plus ou moins relative, si nous prenions connaissance de l'instant de notre mort nos vies ne seraient que décompte.
Alors il y eut Dieu. Mais moi, cher Bioux, je n'ai de Dieu, alors je dois vivre avant lui. Peut-être est-ce toi O Bioux, mon Dieu, le bout de ma plume imaginaire. Le mystique n'est-il pas une réalité pour soi et seulement ? Bioux, mon mystique.
Je t'ai demandé de percer, ce n'est toujours pas fait par ailleurs, et bien compte maintenant, aussi.
Fais de moi du palpable,
Bien à toi, à moiJoseph.K
Post-Scriptum : Fais moi penser à te parler de celle que je nomme Faustine.
O voilà des temps et des temps que je te parle, des blocs creux et seuls, que tout le "moi" se coule en tes pages noires. Je comprend ton silence, mes mots se suffisent à eux même et toi, en soi et pour toi, tu n'es que mots.
Bioux, si je puis te nommer ainsi, tu remarques que pour la première fois je m'adresse à toi directement. La plupart de mes mots te sont destinés à toi ou à tes porte-paroles, mais si je t'écris maintenant. Je ne finirais pas la phrase précédente, sinon à quoi bon ?
Déjà, plus tôt, j'eus exprimé un "monstre" en moi, pas un monstre horrifiant, celui qui pousse aux dégâts, je parle ici d'un monstre par son étouffante taille, cette bulle de rien, ces échos qui frappent la chair du cerveau et qui résonnent, et qui résonnent.
J'ai à portée de main un infini, une forme abstraite, une porte dantesque d'un paradis rouge et froid. J'ai à porté de main la liberté.
Quel lien entre le monstre et la liberté à proximité ? C'est le ballon et l'aiguille. Et je veux perçer, O Bioux. Ainsi je me remet à toi. Perçe.
Je te laisse bouillir mes propos pour digérer,
Bioux, j'ai, quelle évidence ! besoin de toi,
A maitenant,Joseph.KPost Scriptum : T'ai-je déjà parlé d'une certaine Faustine ?
Joseph.K
Vert
C'est au hurlement du craquement d'un briquet que mes paupières se relèvent après quelques secondes d'ailleurs réflexif. Faustine, suivie de sa courte et sombre chevelure, tangue sur un pied comme pour se prouver que la musique des Doors qui comble le silence, peut la faire flotter à outrance. C'est dangereusement et par logique que je fixe la courbe glissante du profil de son dos ; le désir sous-jacent est inextricable d'un lien, même à finalité amicale, entre homme et femme ; ainsi est la théorie de l'échelle et la présence féminine implique définitivement une réflexion de chaque geste et parole.
Tant qu'à mirer Faustine, ce sont ses yeux qui réchauffent mon iris. Le noir certain et brillant de ses pupilles limpides dominent sa personnalité même. Sa large bouche aux lèvres lascives et la discrétion de son nez forment une rondeur d'un rare agréable à son visage ; et la finesse de ses formes générales semble errer. Ici n'est pas la perfection dite, elle est l'absence de défaut délicatement enrobée d'une violence complexive. Il est 04h21 ; et Faustine, si absente le jour, pétille ses yeux croisant les moindres coins de son appartement rénové. La praticité de notre statut de fumeur est alors évidente : nul besoin de mots quand on consume nos cigarettes, le silence s'impose et se fait délecter par force.
Son paquet de tabac aussi est vert.
«- C'est étrange qu'on ne puisse concevoir l'infini. » Faustine a définitivement un don de transition. Avant de lui répondre je me permet, sans nul remord, la même pensée à propos des femmes ; puis décide de faire de mon subtil et réfléchi jet de fumée ma réponse. Ce n'était pas une question et un stylo vert se ballade sur son bureau.
« - Tu t'en vas ?
- Oui, dis-je en un bref souffle de narines, celui qui imite un rire discret. »
En fermant la porte verte avec délicatesse comme si ce fût Faustine, je pense avec certitude que, si je le désire, ses yeux aussi peuvent être verts.
Joseph.K
LA PIPE
"Hier, j’ai trouvé ma pipe en rêvant une longue soirée de travail, de beau travail d’hiver. Jetées les cigarettes avec toutes les joies enfantines de l’été dans le passé qu’illuminent les feuilles bleues de soleil, les mousselines et reprise ma grave pipe par un homme sérieux qui veut fumer longtemps sans se déranger, afin de mieux travailler : mais je ne m’attendais pas à la surprise que me préparait cette délaissée, à peine eus-je tiré une [ page ]première bouffée j’oubliai mes grands livres à faire, émerveillé, attendri, je respirai l’hiver dernier qui revenait. Je n’avais pas touché à la fidèle amie depuis ma rentrée en France, et tout Londres, Londres tel que je l’ai vécu en entier à moi seul il y a un an, est apparu ; d’abord ces chers brouillards qui emmitouflent nos cervelles et ont, là-bas, une odeur à eux, quand ils pénètrent sous les croisées. Mon tabac sentait une chambre sombre aux meubles de cuir saupoudrés par la poussière du charbon sur lesquels se roulait le maigre chat noir ; les grands feux ! et la bonne aux bras rouges versant les charbons, et le bruit de ces charbons [ page ]tombant du seau de tôle dans la corbeille de fer, le matin — alors que le facteur frappait les deux coups solennels qui me faisaient vivre ! J’ai revu par la fenêtre ces arbres malades du square désert — j’ai vu le large si souvent traversé, cet hiver-là, grelottant sur le pont du steamer mouillé de bruine et noirci de fumée — avec ma pauvre bien-aimée errante, en habits de voyageuse, une longue robe grise couleur de la poussière des routes, un manteau qui collait humide à ses épaules froides, un de ces chapeaux de paille sans plume et presque sans rubans, que les riches dames jettent en arrivant, tant ils sont déchiquetés par l’air de la mer et que [ page ]les pauvres bien-aimées regarnissent pour bien des saisons encore. Autour de son cou s’enroulait le terrible mouchoir qu’on agite en se disant adieu pour toujours."
Stéphane Mallarmé
Et l'oxymore du moderne
Qui se fout de crier l'inverse
De c'qu'il est ; ceux qui bernent
A l'argent, à l'anarchie crevé
De trop de monnaies qui bercent.
Moi je remercie Poésie
Assassine des cons en mi
Majeur ; tueuse de règles.
Moi je hurle [...]
Pas la vierge mais presque,
Pas la reine mais ses restes.
Au soleil moderne ce sont
Leur pub d'image à lumière.
Et des cendres nous sommes fiers
Nos mots consument les rimes.
NOUS SOMMES FORTS, c'est fini l'abîme.
Et là nous devons jeter l'iris
Mes amis, à bâbord
TOUTE, faire le tri des Miss
FRANCE tu prends à tord
Tes doux restes d'écrits.
MOI JE CREVE LES DIEUX
Où le seul, à toi de voir ami d'antan révolu de révolution à sang à feu nous sommes les yeux
QUI BRULENT
Les envieux
Morts d'échines pointées vers rien.
MOI JE CROQUE VOS SEINS
les interdits les beaux les frêles
les miennes
les saines les perles
qui brillent et qui saignent.
Joseph.K
etc, etc...
Nous pourions écrire
Que je frêle vos désirs en un lac flou,
Que nos rimes s'embrasent en gel tempétueux,
Qu'il boit son sang pétrit par le sable trop rugueux.
L'immobile forme le Tout de ces néant.
La coupe mobile dans le Tout s'estompe au grés, en biais ou par le biais de leurs loups qu'ils cachent, tous, tous et eux.
Ceci n'est pas une pipe ?
On peut mourir d'une pipe ?
Ou quand l'art s'électrocute en écho de sa Lou vaguante...
C'est une histoire de prisme au couleurs à transsubstituer. Je subconsciente. Posons nous le bleu des textes espérants nos êtres.
Ceci n'est pas un surréalisme vouant le sens déraisonné simili assertion de l'âme. Ceci est l'unique ciel directeur :
ne levez plus l'iris, son poid rend hydrophique la recherche à finalité glissante de l'interne flottement, air libre.
D'où est torpeur ?
Joseph.K