mercredi 8 décembre 2010

La libraire


Une nuit en lit je me souviens d'images ancrées de sens que je rapportais à demain. Le jour je me ruinais d'espoir et de livres coûtants. Pourtant j'avais appris, lors de mes vies d'avant Elle, à nourrir mes courses de vérité par le transfert utile de ma nature cleptomane en livres. Je volais (et le pourrais encore) d'envies en envies au rythme calqué aux femmes de passages plus ou moins longs. Quelques saisons avant le jour où la nuit déroulante m'amenait là, je découvrais du feu inconnu une librairie pleine de fougue où l'espèce amoureuse s'est sédentarisée. Les yeux rivés, à l'habitude, au soin des invisibles. Elle souriait si juste son commerce que, non par passion ou bien par la poussée indirecte en larmes au corps suintant surpris, j'achetais. Je n'ai su quoi. Je lui offrais ma faim.
Cette nuit en lit l'image du jour répétait sa chorale chauffante ; un an de faim mais où y survit sa douceur intelligible que je devine encore ce soir, cette nuit là déroulante du jour.
Demain la nuit suivra ce jour d'il y a quelques saisons déjà, aujourd'hui.

La libraire cache aux chutes hautes des lèvres en plein travail comme un gris ouvert à l'offre. Mais un gris parce que vie, l'ennemi en l'autre, ce passé sans mes mots. Gris, je crois, qui couve comme sous la peau, en bleu fondu sa pupille. Elle à l'épaule aisée et, toujours, un soupçon de rouge ici ou là. Je veux dire, j'y vois, un orange.
La libraire, parce que déesse, parce que belle et inconnue, n'a de formes que d'ineffables. Prophète, certain de l'Amour, je le promet : ces formes là sont des seules là des rêves oubliés, à peine en trace dans la poitrine, qui nous fait certain de l'Amour, un temps.
La libraire cette nuit seule, je veux dire sans moi, ne m'a jamais su que figure insignifiée et que le recul aborde méprisant de tant de rien au sens transmit. Je n'ai pas de télé et je pense, peu, à demain ma faim ruinée à la librairie.
Demain la nuit suivra ce jour d'il y a quelques saisons déjà, aujourd'hui. Et la libraire en sera.

Deslogis

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire